Les temps changent. Cette association à l'origine très anticommuniste, ce fut même la raison principale de sa création par l'impérialisme américain dans la région, est devenue aujourd'hui le béni-oui-oui de Mao -Xi . Cambodge, Laos, Birmanie, Philippines... suivent la loi du dollar qui pas à pas change de main. C'est le sens de cette chaîne de mains moîtes et molles croisées au-dessus du nombril. Regardez les jeunes pêcheurs vietnamiens qui vont plonger dans les Paracels interdits par les bâtiments de guerre de Pékin: ils savent que peut-être certains ne reviendront pas. Lesquels sont grands? Lesquels sont petits ? Lesquels sont fiers et courageux car ils ont tout à perdre ? Lesquels sont de pitoyables marionnettes ?
Pékin martèle depuis des années : " l'ASEAN n'est pas le lieu pour parler des disputes territoriales en mer de Chine du sud". Duterte, président des Philippines et président actuel de l'ASEAN, leur fait écho : " Les dirigeants de l'ASEAN ne devraient pas aborder ce dossier" . M. Lê Lương Minh, Secrétaire général (vietnamien) de cette association vient de déclarer que " l'association des nations de l'Asie du Sud Est n'est pas le lieu pour régler les disputes de souveraineté dans la Mer de l'Est".
Exit le D.O.C ( Déclaration de bonne conduite en mer du S-E asiatique) signée en 2002 avec Pékin. Définitivement enterrée la perspective du C.O.C (Code de Conduite) , juridiquement contraignant, que Pékin annonçait accepter et préparer. Quelques millions de dollars en armes livrées, en bananes exportées, en routes , ponts construits et peut-être quelques gratifications personnelles... et voilà les moutons qui regardent passer le loup sans bêler. Ils ont déjà laissé la Chine planter dans leur mer les ouvrages maîtres de sa future grande muraille maritime: îles artificielles avec bases militaires , pistes d'atterrissage, contrôles radar, bâtiments de guerre...Duterte a lui-même foulé au pied la décision de la Cour internationale de La Hague déboutant Pékin de ses revendications outrancières de souveraineté. Le Vietnam, première victime de l'expansion militaire de l'Empire, n'a jamais fait officiellement allusion à cette décision internationale d'une portée juridique majeure. Il a pourtant perdu dans le sang les quelques 30000 km2 d'espaces maritimes et insulaires de l'archipel des Paracels. Il a pourtant perdu dans le sang quelques îlots de l'archipel des Spratleys. La menace se précise au seuil de ses espaces souverains restants. Ses pêcheurs, chassés par Pékin de leurs terrains de pêche traditionnels sont contraints à aller gagner leur pitance dans des eaux lointaines et sont en proie aux marines locales qui les capturent, les emprisonnent, détruisent leurs bateaux... Mais "l'ASEAN n'est pas le lieu pour aborder ce dossier ".
Le capitaine Edward Smith, commandant du Titanic avait déclaré :" je ne peux pas imaginer qu'un désastre quelconque se produise avec ce navire" . L'ASEAN coule, l'ASEAN a coulé !
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