VIETNAM - UN CRI QUI VIENT DE L'INTÉRIEUR
un film de André Menras
Tourné de façon clandestine et improvisée, ce film donne la parole à plusieurs dizaines de Vietnamiens célèbres ou anonymes qui ont demandé à exprimer leur tristesse, leur révolte, leur désarroi face à un régime de parti unique sous forte influence chinoise.
Tous dénoncent les dirigeants qui ne tolèrent aucune contestation et foulent aux pieds les valeurs mêmes qui les ont portés au pouvoir.
La violence policière, la corruption, l’intimidation et la peur touchent l’ensemble des couches sociales et semblent marquer les limites de ce régime d'un autre âge.
Les plus hautes instances internationales du grand patronat vantent l’impressionnant développement économique du Vietnam.
Ce film, en pénétrant au cœur de la société vietnamienne s’attache à éclairer le brutal et douloureux contraste entre ces signes extérieurs de progrès économique et l'état des droits humains et citoyens dans le pays.
Il donne la parole à plusieurs dizaines de personnages célèbres ou anonymes qui demandent à dire leur souffrance, leur amertume et leur désarroi face un régime dictatorial qui piétine les valeurs et bon nombre de ceux qui l'ont porté au pouvoir...
Au fil des rencontres, le film révèle comment le maillage policier de la société mis en place pendant la résistance à la colonisation française puis à l’occupation américaine a été maintenu et accaparé par le parti communiste pour dominer et contrôler toutes les couches sociales.
Comment la révolution s’est « retournée » contre le peuple, selon la formule d’un écrivain qui s’exprime dans le film.
Comment l’indépendance du pays qui a coûté 3 millions de morts vietnamiens est actuellement mise à mal en mer et sur les terres par l’expansionnisme de Pékin.
Violence de la censure, de l'interdiction de circuler et de se réunir, des agressions dans la rue par des voyous à la solde de la police;
violence de l'arrestation ou de l'enlèvement, de la confiscation des terres paysannes à des fins de spéculation par les cadres corrompus acoquinés avec des hommes d'affaires véreux; violence de l'incarcération dans un réseau de centres pénitentiaires dont les conditions de détention n'ont rien à envier à celles des camps de l'ancien régime;
menaces sur les familles, harcèlement quotidien des proches, par appels téléphoniques, par filatures ostensibles ...
Des anciens combattants des maquis Vietcongs ou de l'armée du Nord qui s'élèvent contre la corruption et la mainmise chinoise sur leur pays parlent du déchirement de leurs rêves confisqués.
Intellectuels, journalistes, avocats, poètes et écrivains en passant par les agriculteurs, les pêcheurs et les vétérans de l'ancien régime, abandonnés ou dépouillés, tous disent dignement et avec force leur cauchemar, leurs aspirations d'une vie paisible, stable laborieuse et digne, leur exigence d'une société civile « civilisée ».
L'auteur et réalisateur, français d'origine et premier étranger à avoir reçu la nationalité vietnamienne pour sa contribution passée à la lutte pour l’indépendance, se fait un honneur de servir aujourd’hui de porte-voix à toutes ces personnes d'exception pour leur courage et pour l’amour qu’elles portent à leur pays.
André Menras - Hồ Cương Quyết